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Locality: Saint-Amable, Quebec

Address: Terrasse Dollard J0L1N0 Saint-Amable, QC, Canada

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Benoit Asselin, Auteur Libre 23.03.2021

17 À dire vrai, Frédéric aurait voulu qu'on lui offre un séjour en studio, une session à la recherche du meilleur son pour illustrer l'importance de son brio. Il aurait voulu une adresse, un lieu officiel, une séance en résidence, ne serait-ce qu'une simple audience à huis clos devant les sbires de l'industrie pour éclairer son père et sa mère sur ses aspirations. L'artiste aurait voulu répondre aux ambitions de ses parents, les satisfaire, mais ses riffs de guitare n'ont réu...ssi qu'à alimenter des désaccords. Il n'a jamais tenu son rock plus d'une minute devant une mère invisible, fraîchement nommée procureur de l'État. Et ses solos de blues ne correspondaient pas aux bons tons d'un père insensible, récemment élu magistrat. La sagesse aurait voulu qu'il s'en détourne, qu'il s'en libère, qu'il s'évade du barreau qui le tenait prisonnier, mais les voix en éclats du tribunal familial l'avaient touché et, par accoutumance, il se présentait devant la cour comme un bris mécanique, comme une fausse note dans le litigieux parcours d'un passionné de la musique. Frédéric est le maillon faible de la famille, disait-on. Une faiblesse attribuable à la génétique, un mariage consommé par des cousins éloignés, deux funambules, deux équilibristes, deux quelconques dompteurs de lions qui traînaient leur vie dans un cirque. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 07.03.2021

16 C'est au milieu du parcours que les deux hommes s'arrêtent pour contempler la beauté des grands tulipiers. Ils profitent momentanément d'une large pierre calcaire qui surplombe la mer pour observer les voiliers disparaître derrière la courbe de la Terre. Fred prend sa guitare. Clément s'en réjouit. Clément lui offre alors un peu d'eau avant qu'il ne s'égosille comme un oiseau. Fred accepte volontiers. Avec beaucoup de caractère, il déploie ses ailes sur une gamme étoffée,... sur un blues endiablé. Un blues américain. Puis, il change de tonalité. Il pince les cordes avec plus de virilité. Il se relève, droit sur ses jambes et, debout sur l'immense pierre plate surélevée, il s'emporte dans une finale quasi symphonique. Une finale qui atteint un niveau de jeu rarement observé. Il offre tout son talent d'interprète devant Clément, un Clément fouetté par une voix éraillée accompagnée d'une série d'accords plaqués. Clément ressent aisément les suppliques des esclaves, une forme musicale largement développée par les Afro-Américains. À terme, c'est dans un cri, un cri de l'âme, un cri de vérité, un cri vachement bien maîtrisé, un cri qui s'accorde parfaitement avec la puissance qu'offre le grain particulier de sa voix que Fred professe sa foi : la promesse de vivre en harmonie, en toute sécurité, dans une forme originale, une forme qui correspond clairement aux besoins de la santé mentale. Étonnamment, Frédéric se replie sur lui lorsqu'il se sépare de sa guitare. L'artiste cesse de planer, car il ne supporte pas la lourdeur du silence, un silence linéaire, un silence obscur consacré à une sombre démesure. À la suite de son chant, Frédéric partage ce regard troublant d'être traversé, lui-même, par le passage d'un nuage menaçant. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 19.02.2021

L'héritier Daniel a délimité de larges espaces de terre pour la culture du raisin de table. Ses revenus les plus importants viennent principalement de la culture du chasselas, un raisin doré, à peau fine, né d'une vigne ancienne qui se développe parfaitement dans les sols pauvres. Daniel et Solange ont un fils, un fils unique qui passe l'entièreté de ses semaines à étudier. Pour les travaux maraîchers, c'est un fils fantôme, l'héritier que l’on ne voit jamais ou qui passe en... coup de vent, un week-end sur deux. À l'université, il étudie les lois du commerce pour éviter la succession logique d'un dur labeur qui lui est forcément destiné. Disons que la descendance pioche dans ses livres afin de s'assurer d'acquérir les outils nécessaires pour se préserver des innombrables maux attribués aux caprices de la Terre. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 16.02.2021

15 Né à Paris, Frédéric s'est définitivement éloigné de la Seine pour vivre sa vie. Il s'est expatrié, sans façon, pour s'éloigner du conformisme qui régnait en maître à la maison. Il a pris la route avec sa guitare pour s'abandonner, pour s'accorder le privilège de suivre et de juger de ses décisions. Coeur solitaire, il avoue cheminer progressivement. Mais, à ce jour, comme un fidèle itinérant, c'est encore la guitare à qui il voue tout son temps. Il avance à l'aveugle par... de nouveaux solos qu'il marie avec cette voix éraillée modulée de trémolos, une voix rauque faite pour le blues, une voix jumelée d'un effet vibrato. Fred a développé que du bon pour son art afin de s'assurer de préserver son identité, une singularité qui fait de lui un être à part. C'est un personnage tout en musique qu'il met en scène. C'est une particularité artistique qui se révèle presque exclusivement en public. Une personnalité qu'il cultive allègrement, car dans le milieu de la chanson, dans un univers où le candidat est soumis aux règles du marché, Fred profite de ses habiletés, du son particulier qu'il tire de sa guitare et d'une manière singulière de chanter pour tenter de se démarquer d'un produit formaté. Frédéric fréquente le monde artistique depuis toujours. Un monde difficilement accessible si l’on n'est pas, soi-même, capable d'oser, de risquer sa peau afin de réaliser, un jour, le rêve singulier d'être diffusé. À titre d'intervenant, le travailleur de rue a une aisance naturelle, une facilité déconcertante de rassembler et de témoigner aisément de son vécu. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 13.02.2021

Histoires bêtes... Tard à l’automne, lorsque les cueilleurs en ont terminé avec la récolte des pommes, les chevreuils descendent des collines pour venir profiter librement des fruits tombés au sol. Chaque nuit, sous les vieux pommiers abandonnés à l'obscurité, ils viennent s'enivrer de fruits vieillis, de pommes fermentées. Au petit matin, légèrement éméchées, les bêtes regagnent la forêt pour aller se cacher en ravage. Regroupés, ils brament en concert la perte d'un ami. Un ...ami cher. Un ami figé par les phares d'une automobile et qui n'a pu franchir la route qui sépare la forêt du verger. À leur tour, les étourneaux s'enivrent des fruits du sorbier. Bourrés, ils foncent les ailes ouvertes, tête baissée, dans un paysage meurtrier. Un paysage assassin engendré par le reflet d'une large fenêtre correctement astiquée. À la suite d'une longue semaine, les travailleurs saisonniers se regroupent autour d'un verre pour discuter. Pour décompresser. Pour réfléchir sur la dernière semaine et se moquer librement d'un collègue moins engagé. À la fin de la soirée, l'ébriété affecte ceux qui ont bu et qui ont fustigé celui qui s'est tu. Mais c'est lui, c'est lui qui les ramènera au camp en toute sécurité. C'est lui, l'individu que l'on croit moins engagé, qui agit comme chauffeur désigné. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 09.02.2021

Mémoire défaillante Le souvenir est une source déterminée d'images classées dans une mise en scène dirigée par l'esprit. Le souvenir est marqué par l'action d'un ou de plusieurs personnages, une action commandée par un lieu, par des événements récents décalés dans le temps ou déclenchés simultanément par un bouleversement d'émotions, peu importe la situation. Lorsque le coeur divague sur une eau froide, sans élan et sans ardeur, les souvenirs les plus ténébreux s'entrecroise...nt et s'abîment dans une sombre mélancolie. Quant aux beaux souvenirs, ils s'illuminent lorsqu'on les libère, lorsqu'ils mijotent tranquillement sur la cuisinière et qu'ils parfument l'esprit d'un soupçon de nostalgie. Le souvenir, c'est la manifestation d'un lien temporel connecté au passé que l'esprit conjugue au présent. Cliniquement, c'est souffler, les yeux fermés, sur les braises de l'âme, c'est attiser la flamme qui jaillit subitement d'un sentiment que l'on crut éteint pour encore s'émerveiller. C'est une illumination, comme le doux souvenir puéril d'une période juvénile qui sourit soudainement à l'aîné. Les réminiscences du passé sont garnies de plaisirs ludiques, de romantismes, mais aussi d'épreuves dramatiques. Le souvenir, c'est le parfum floral du moi, un jardin privé, un indicateur de santé, une réserve naturelle d'images protégées. Le souvenir, c'est l'ancre jetée au fond de soi que l'on relève parfois pour recouvrer sa lucidité. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 29.01.2021

https://www.lysbleueditions.com/pr/la-turbulence-des-anges/

Benoit Asselin, Auteur Libre 27.01.2021

14 Frédéric avait beaucoup de temps libre avant que ne revienne la manne touristique. Il errait de plages en places depuis des semaines à fredonner les mêmes rengaines pour n'obtenir qu'une minable poignée de fric. Sans véritables épargnes, temporairement en panne d'inspiration, il décide, sans trop de conviction, de cheminer une journée avec le blondin d'Amérique. Il voulait en savoir plus sur ce nomade américain, sur cet animal atypique qui erre sur le sentier des routards ...et qui suscite, chez certains, l'euphorie des départs. Frédéric avait l'impression de rencontrer un être rare et par conséquent, digne d'attention. Autrement, il s'en serait détourné rapidement pour d'autres considérations. À la suite d'une simple poignée de main, ils ont amorcé la randonnée au pied d'un massif dans un silence tout à fait relatif. Dès la sortie du village, Frédéric a voulu se présenter à lui de façon prosaïque : - D'un refrain, j'accumule les pièces pour du vin et d'un couplet de la monnaie pour du pain. Je fréquente les plus belles locations balnéaires sans jamais profiter pleinement de la mer. Je suis Frédéric Carrière, le musicien-troubadour des plages, des places et des mers. En parallèle, Frédéric est également travailleur de rue. Son travail a pour but d'aller vers les gens en rupture avec les facilités de la vie en société. - Je suis Clément Mitchell, Prince de tous les anges, chef des forces et des missions providentielles. Je grimpe à l'année les pentes et les collines dans le seul but de caresser la grâce divine. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/

Benoit Asselin, Auteur Libre 18.01.2021

Prendre racine Mon partenaire a planté plus d'un million d’arbres, des épinettes qui sauront certainement faire une forêt avant d'être récoltées, d'ici soixante ans. Il laisse derrière lui la vie des reboiseurs, une vie qu'il a choisie lors d'un printemps d'autrefois. Comblé par le travail qu'il a accompli, il ramasse son harnais et sa pelle usée pour une dernière fois. Il salue l'équipe avec émotion puis il quitte la forêt qu'il a reboisée depuis dix ans. Mon partenaire de ...travail part devant, pour toucher un nouvel horizon, là où l'on perd de vue les planteurs dans la courbe de la Terre. Nous, nous restons tous derrière, fragilisés par son départ, certes, mais l'esprit solidement ancré pour espérer, tout autant que lui, le bon développement des arbres pour réaliser notre propre forêt. Texte : https://www.facebook.com/benoitasselinauteur/ Photo : http://ericgourdon.photodeck.com/