David Béland Photographe

Tu n’as pas peur ? La question m’a été posé à quelque reprise avant mon départ. Nombreux médias véhiculent une image négative de cette région du monde. Malgré l’avis gouvernemental d’éviter tout voyage non essentiel en ce pays, j’ai fait abstraction du danger et je m’y suis rendu. Inversons les rôles. Imaginez que vous vivez ailleurs, peu importe le pays. Dans la dernière année, vous entendez parler deux fois du Canada. La première, lors de l’attaque terroriste à la Mosqu...ée de Québec et la seconde fois suite aux évènements tragiques de Toronto il y a 3 semaines environ. Est-ce représentatif du pays dans lequel nous vivons ? Alors pourquoi est-il légitime de s’informer de cette façon sur le monde dans lequel nous vivons ? C’est vrai, l’Égypte n’est pas sans risque. En fait, le pays est comme partout : Nous sommes nul par à l’abris d’un malheur. Il est toutefois temps de briser des barrières, de laisser tomber certains stéréotypes et de mettre de côtés des idées fondées sur la peur. Le seul danger auquel il est possible de faire face est de tomber en admiration avec une autre culture. Au cours de ce bref séjour, j’y ai rencontré une culture riche d’histoire. Un peuple fier et accueillant comme j’ai rarement expérimenté. Des hommes et des femmes souriant, heureux d’y voir notre présence et toujours prêt à nous aider. Au-delà des croyances, de la culture et des religions, nous sommes, à la base, tous humains.

À l'heure où tout le monde entre dans l'auberge pour souper, j'enfile mon sac pour Kala Patthar, un petit sommet non loin du village de Gorak Shep. Je croise le chemin d'un groupe de trois personnes qui reviennent du sommet. Ils me demandent ce que je fais à monter à une heure pareil. Tout heureux de leur dire que je m'y rend pour le coucher du soleil, ils me conseillent de rebrousser chemin, mentionnant qu'être ici dans l'obscurité n'est pas la meilleure idée. Sous leurs c...onseils, je poursuis ma route, bien décidé à photographier ce décors au crépuscule. Malgré les 5 643 mètres de Kala Patthar, on se sent minuscule entouré des géants qui s'y trouve : Pumori, Nuptse, Everest... certains de ces sommets s'élèvent encore de 3000m plus haut que moi. D'en haut, les nuages viennent puis repartent en quelques secondes, découvrant les falaises, les rochers, les neiges éternelles et les sommets. Au même rythme que le nuit, le froid s'installe doucement. Mon esprit s'impreigne de l'air frais et pur de la montagne. Je suis simplement hypnotisé par la sérénité de cet univers.

C’est notre première journée d’acclimatation sur le circuit de l’Annapurna. Nous sommes parties de Upper Pisang à 3300m d’altitude afin de rejoindre le camp de base du Pisang Peak, à 4 380m d’altitude. Cette différence d’altitude est énorme pour un corps non-acclimaté. Sur l’abrupte chemin en serpentin, mon souffle accélère rapidement puis se stabilise. Mon cœur bas plus fort. Mes jambes s’épuisent plus facilement. Je n’ai pourtant qu’un petit sac sur le dos ! Chanceux jusqu’...à présent, je commence à découvrir les premiers symptômes de l’altitude. Nous arrivons finalement au camp de base. JP, un québécois rencontré sur la route, me demande si je vais bien. Je lui retourne la question. Comme tout semble correct, nous décidons de poursuivre notre monté puisque le terrain nous le permet. Cent mètres plus loin, alors que JP file devant, je m’accote les coudes sur mes genoux quelques secondes. Je me relève la tête et un peu étourdi, je continu à avancer. Je dépose de nouveau mes coudes sur mes genoux et je mets plusieurs secondes à me relever. Je continue, encore une fois étourdi. J’ai du mal à enfiler cinq pas en ligne. Je dois arrêter encore une fois. Bien que mon envie de continuer sois forte, je comprends qu’il s’agit de symptômes plus sérieux dû à l’altitude en montagne. Avant de redescendre, je n'ai qu'une chose en tête. Prendre une photo de JP devant le Pisang Peak.

Nous quittons notre auberge à 4h am en direction des Hautes-Gorges en Charlevoix. L'abrupte montée pour atteindre la première section de glace nous mène dans un profond corridor. Entre ces murs de roches, Étienne s'attaque à la première section d'une très longue ascension. En piquant son piolet, un morceau se détache. GLACEEEEE, s'écrie Étienne. Le mot résonne dans toute la vallée. Jeff, qui se trouve en bas pour assurer, ne peut éviter le bloc et le reçoit en plein visage. Lèvre fendu, bouche en sang, il y a plus de peur que de mal. L'aventure continue...

Très peu de photos publiées ici ces derniers temps, mais je ne chôme pas pour autant ! Sortir sur le terrain par soi-même est agréable. Mais recevoir une invitation pour se joindre à une aventure et la documenter en images est encore plus excitant. En me lançant dans la photographie d'aventures et de paysages, j'ai toujours eu ce rêve d'être invité à faire partie d'un projet. Je suis plus qu'heureux d'avoir croisé le chemin d'Étienne et de Jeff qui m'ont invité à photographi...er leur escalade de la Dame Blanche, bloc de glace instable à la réputation dangereuse situé sur la droite de la Chute Montmorency. Cette journée n'est toutefois que le début de l'aventure puisque j'accompagnerai pour une seconde fois les deux grimpeurs dans les Hautes-Gorges en Charlevoix la semaine prochaine ! Je vous laisse avec cette image d'Étienne qui, dans le grondement de la chute, franchit la fracture du bloc de glace avant de donner une dernier effort pour se rendre au sommet...