Eugène Presseau

Statistiques de l'année 1918 pour Montréal. La grippe espagnole tue plus de 10% des gens qui la contractent... Source: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoi/details/52327/828444

15 novembre 1918 À: Eugène Presseau De: Théodore Gauthier, alias Godasse Salut Eugène! Alors, le retour au pays? Je n'ai pas eu l'occasion encore d'aller à Montréal, mais ça ne saurait tarder. Je couvre l'épidémie de grippe pour le compte de La Patrie. Eh oui, je suis officiellement journaliste! Comme tu le sais l'éclosion de Victoriaville en septembre a été désastreuse. Les gens, rassemblés pour le Congrès eucharistique (40 000 personnes!), sont retournés chez eux en emporta...nt dans leurs bagages des souvenirs ainsi que le virus... Certains sont même repartis avec les dépouilles de leurs proches décédés de la maladie. C'est insensé, il n'y a pas meilleur moyen d'infecter les gens, si tu veux mon avis... En attendant, on nous vend des soit disant pilules miracles dans les journaux. Les gens n'ont pas envie d'entendre parler de l'épidémie, car la guerre a déjà été assez dure comme ça, mais on pourrait bien se retrouver dans de sales draps sous peu... Prends bien soin de toi et de ta famille, mon ami. Godasses Source: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoi/details/52327/828433

29 septembre 1918 De : Eugène Presseau À : Théodore Gauthier, alias Godasses Cher Godasses,... Ça fait un bail que je n’ai pas eu de tes nouvelles, mon brave! J’ai su par ma mère, qui a parlé à la tienne (tu connais Hedwidge, un vrai réseau de renseignements à elle seule!), que tu étais de retour au pays. J’embarque moi-même sur un paquebot dès demain, direction Montréal! Enfin! Cette maudite guerre a fini par me couter un œil (un shrapnel reçu lors de l’attaque de Fresnoy-lès-Roye, un village au nom impossible, qu’on n’a même pas réussi à prendre en plus). Je ne te raconterai pas les horreurs que j’ai vues ici J’ai tellement hâte d’aller chez Martel, prendre une bonne bière flatte avec toi! Avec un plat de bines au lard, y’aura pas mieux pour remonter le moral d’un pauvre borgne désillusionné! Mes deux seules consolations, c’est que je ramène avec moi T-Bones (notre chien de tranchée!) et que Myrtle, l’infirmière écossaise qui m’était tombée dans l’œil (jeu de mot cynique), a largué son mosus de pilote d’avion. J’ai peut-être une chance! Il y a peut-être de la lumière au bout du tunnel, mon ami. À très bientôt, Eugène P.S. Voici une photo de T-Bones, décoré de la Croix de guerre française! Les chats de St-Henri n’ont qu’à bien se tenir! Source image: https://www.alamyimages.fr/photos-imag/chien-de-guerre.html

Oyé oyé! Mordus d'histoire et/ou simples curieux, surveillez la page d'Eugène, il reprendra du service très bientôt! Un plongeon en 1918... Une année intense, comme celle que l'on vit actuellement! À très bientôt! :) Source image: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/828389

Pour ceux et celles qui veulent connaître la vie des soldats au retour de la Grande guerre, Eugène vous recommande de lire ce livre. Le contexte de la France est très bien expliqué et on comprend que le retour à la vie civile n' a pas été de tout repos pour les poilus