Julie Bolduc-Teasdale, Neuropsychologue

Très bon article ce matin sur les risques cérébraux associés à la pratique de la boxe. Je ne peux toutefois m'empêcher de souligner une erreur importante qui porte à confusion en lien avec les données scientifiques qui tendent à démontrer l'importance et l'existence de ces risques. Voici l'extrait qui m'a fait dresser les cheveux ce matin: " Sans doute alimentées par le récent conflit à ce sujet entre d’anciens joueurs et la direction de la NFL et par le fait que les jeunes ...pratiquent le football en plus bas âge, les études sur les coups à la tête dans les sports de contact sont plutôt répandues. Mais pour les sports de combat, il n’en existe pas, nous a confirmé une neuropsychologue consultée à ce sujet." Cette affirmation est FAUSSE! D'ailleurs, historiquement, ce sont les études portant sur les cerveaux des boxeurs qui ont amenés les sports de contacts à s'inquiéter des conséquences sur les cerveaux de leurs joueurs. Le concept d'encéphalopathie traumatique chronique réfère à ce qu'on appelait à l'époque la démence pugilistique (ou démence du boxeur!). Cette entité clinique a été décrite pour la première fois en 1928 par Dr Harrison Martland (https://academic.oup.com/brain/article/141/1/318/4774567). Un premier livre faisant état des connaissances dans ce domaine a été publié dans les années 60! Depuis, bon nombres d'études ont été faites sur cette population. D'ailleurs, presque toutes les études portant sur la CTE (chronic traumatic encephalopathy) débutent par cette phrase d'introduction: CTE was first recognized in boxers nearly a century ago as "dementia pugilistica" or "punch drunk," but has been recently identified in contact sports athletes (including American football, ice hockey, soccer, baseball, rugby, boxing, and wrestling) and military veterans exposed to blast. Similar to many other neurodegenerative diseases, CTE is diagnosed conclusively only by neuropathologic examination of brain tissue. (McKee,A. et al, 2018. Article ici: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30482357/). Je suis bien heureuse de lire ce matin que le milieu de la boxe se sensibilise à la santé cérébrale de leurs athlètes. Mais je tenais à rappeler que ça fait longtemps que les conséquences à long-terme sur le cerveau sont suspectées. Et il existe une littérature complète sur le sujet... dont les plus vieux articles ont près de 100 ans!

L’idée de dépister est bonne. Mais s’il n’y a pas de suivis après faute de ressources, on risque de créer un autre problème. Le ministre se dit confiant de combler les postes. Je le souhaite de tout cœur!

*** Question de la semaine! *** Pour faire suite au règlement de la LNH avec ses joueurs blessés... Pourquoi met-on en relation les commotions cérébrales et l'encéphalopathie traumatique chronique? ... Pas de choix de réponses cette semaine. Dites-nous ce que vous savez! :)

On parle d'encéphalopathie traumatique chronique ici (ETC) en lien avec l'entente signée par la LNH. Dr Stern, un expert de l'ETC à Boston, souligne l'importance de considérer les impacts sous-commotionnels. Les commotions cérébrales sont perçues comme le gros problème, mais les gens ne savent pas de quoi il s’agit vraiment. La définition est très large et parle simplement d’un coup qui entraîne un changement dans les cellules du cerveau et qui cause une variété de symptômes, dit-il. Mais qu’en est-il de tous les coups qui peuvent n’occasionner aucun symptôme ? À son avis, l’accumulation de ces coups asymptomatiques est le grand coupable de l’ETC.

Bon début de semaine tout le monde! Alors, la question de la semaine : Après combien de jours le SCAT5 perd de sa validité pour évaluer les aspects cognitifs de la commotion cérébrale? a) 2 jours b) 5 jours c) 10 jours ... d) Le SCAT5 est valide à l'infini. GO!