Yoga Nimitta

Faire ou ne pas faire la "chandelle"? Son vrai nom est sarvangâsana. C'est une des postures les plus célèbres du yoga, car on s'y trouve momentanément à l'envers, en appui sur les épaules, la tête sous le ventre...ces postures dites inversées (il y en a d'autres) sont l'une des spécificités du yoga, on ne les trouve pas de façon systématique dans d'autres traditions s'adressant au corps. Les yogis (et yoginis, mesdames) disent que ces inversions sont de puissantes armes contr...e le vieillissement prématuré du corps et du mental. C'est pour ça qu'elles sont importantes! Il faut toutefois aborder sarvangâsana avec précaution car elle ne convient pas à tout le monde. Par exemple, une personne ayant des raideurs dans la nuque ou une fragilité des vertèbres cervicales pourrait ne pas se faire du bien dans une telle position. Restons vigilants, et ayons le courage et l'humilité de placer le yoga au service de notre santé plutôt que de notre ego! Il convient donc de tester le corps avant d'essayer sarvangâsana. Je vous ai mis un de ces tests en vidéo, c'est probablement le plus léger de tous! Il s'agit de pouvoir lever les membres inférieurs à la verticale, et éventuellement de les tenir dans cette position en conservant une respiration lente, régulière et profonde. Cela sera probablement plus facile une jambe à la fois que les deux en même temps. Je commence avec l'expiration en ramenant la cuisse pliée sur le ventre. Vous pouvez déduire le reste? On pourrait utiliser cette petite séquence et la faire 2 à 4 fois par exemple, en fin de journée pour alléger le dos ou les jambes de la douleur. N'oubliez pas de faire apanâsana après!

L'utilité de la douceur Le yoga propose de nombreuses postures, ou âsana, faites pour agir sur le corps, d'intensité variable. Certaines l'étirent, le plient vers l'avant, vers l'arrière, d'autres effectuent une rotation de la colonne vertébrale, améliorent la force, le placent à l'envers, compriment le ventre...cette liste n'est pas complète! On m'a enseigné que toute posture devrait être suivie d'une compensation, ou contre-posture, pour le détendre et rétablir son alignem...ent. Il s'agit d'une action où l'on bouge doucement et attentivement, dans une direction différente de la posture qui vient d'être réalisée. Le plus souvent, ce mouvement est symétrique (les deux côtés du corps se placent de la même façon). Même si on a bien effectué les mouvements ou le positionnement lors de la posture, même si on est en forme, la contre-posture (ou prati-kriya-âsana) assure la protection contre les blessures ou inconforts que la posture pourrait causer. Car la posture nous place souvent dans des positions assez inhabituelles! Apanâsana joue souvent ce rôle. On dit souvent que tout ce qui brille n'est pas or ; ajoutons que tout ce qui est simple n'est pas banal! Sur la vidéo, j'expire en ramenant les genoux et j'inspire en les éloignant. On peut faire cela pour se defatiguer le dos à la fin d'une longue journée! Minou en prime.

Yoga et acrobaties : est-ce nécessaire? Une élève (elle se reconnaîtra peut-être!) me demandait hier : Quelle est l'utilité de faire cette ''posture sur les mains avec les jambes sur le côté''? Est-ce nécessaire? Ces postures de la catégorie vishesha (extraordinaires, acrobatiques) étaient, traditionnellement, surtout destinées à des personnes jeunes (adolescents, jeunes adultes). Il y a en effet un âge de la vie où l'on peut se permettre de prendre certains risques avec ...notre corps, où l'on a des choses à prouver, et une vie d'adulte à laquelle se préparer! Selon le professeur Krishnamacharya, il y a un yoga qui va comme un gant à ces jeunes, surtout s'ils ont été habitués à faire des postures de yoga dès la petite enfance, comme c'était le cas anciennement dans les familles de brahmanes (je ne sais pas si c'est toujours le cas). Puis, le yoga change de caractère à la fin de la croissance, au passage à l'âge adulte qui présente son lot de responsabilités. Il est alors recommandé que le yoga favorise la capacité à l'introspection, à la réflexion, voire au silence, tout en cultivant une vitalité et une santé suffisantes pour mener à bien les nombreuses actions propres à la vie adulte. Il s'agit, en pratique, de réaliser diverses postures où l'on peut fermer les yeux, créer dans le corps un espace heureux, et l'habiter, en faire pleinement l'expérience, en respirant lentement et en écoutant la respiration (traditionnellement sans musique). Cela favorise ce que Patanjali nomme svâdhyâya (ou cheminer vers soi). Cet aspect du yoga est pour ainsi dire, prescrit. Selon lui, le yoga du corps est fait pour nous rendre capables de nous concentrer sur une seule chose pendant un certain temps, dans la lenteur et de façon paisible. Puis pourra se développer une aptitude à observer nos propres comportements, pensées et actions afin de mieux vivre nos vies.

Doit-on s’asseoir en lotus dans le yoga? J’ai une bonne nouvelle, on n’est pas obligés! Il est toutefois très conseillé de faire régulièrement du prânâyâma (selon les enseignements les plus tardifs du professeur Krishnamacharya). On m’a enseigné que les postures de yoga, ou âsana, sont faites pour nous préparer, physiquement et mentalement, à nous asseoir pour respirer puis méditer. ... Ainsi, une pratique de yoga classique, commence par un moment d’auto-observation debout, se poursuit par une série de postures debout, couchées, inversées parfois, pour se terminer par un exercice assis qui bouge beaucoup moins, où l’on fait un certain nombre de respirations selon une technique choisie : c’est le prânâyâma. Il peut être prolongé par un temps de recueillement qui sera facile si tout ce qui précède a été bien mené. C’est à ce dernier temps de la pratique que je m’intéresse ici : dans quelle position cela se fait-t-il? Dans le yoga indien, il existe plusieurs postures assises directement sur le sol, immobiles, jambes pliées de différentes façons, indiquées pour le prânâyâma et le recueillement, faites pour qu'on y reste plusieurs minutes peut-être, le regard tourné paisiblement vers l'intérieur. Dont le fameux lotus, le padmâsana. Vous savez, cette posture jambes croisées avec les talons posés à la base des cuisses. C’est une posture très emblématique du yoga indien mais malheureusement très peu confortable pour la plupart des Occidentaux. Car en Occident, on a perdu l’habitude de s’asseoir au sol depuis plusieurs générations! On le voit d'ailleurs sur la photo : son padmâsana (ou plutôt, demi-padmâsana) n'est pas tout à fait correct, elle devrait avoir les deux genoux au sol et surtout, son pied du dessus n'est pas tout à fait assez haut sur la cuisse, ce qui amène un étirement pas souhaitable du ligament de sa cheville. Cela fait peut-être une photo inspirante mais dans quatre minutes, elle va avoir le goût de se lever, elle ne pensera qu'à cela! On m’a enseigné qu’il faut considérer cela dans le choix de notre posture pour le prânâyâma. Voilà un bel exemple de Viniyoga! Adapter les techniques à nos besoins réels en respectant leur caractère. En yoga, il n’est jamais souhaitable de se contraindre à une posture douloureuse ou fatigante. Car le yoga vise surtout à nous faire faire l’expérience de la meilleure version de nous-mêmes dans le calme : il est donc nécessaire que la posture soit confortable. On peut par exemple utiliser un petit banc...si le petit banc n’est pas confortable, une chaise! La posture assise pour le prânâyâma se doit donc d’être : confortable symétrique jambes pliées dos droit nuque redressée avec menton en retrait (ou jalandhara bandha).

Patanjali et la devise du Québec! Dans le yoga il y a ce mot important : smriti, pour se souvenir. Patanjali, dans son texte, dit qu'il faut faire le yoga qui nous convient, souvent, tous les jours si possible, en se souvenant de pourquoi on le fait. Se souvenir que sur ce chemin, on revient régulièrement à l'essentiel, à quelque chose en nous dont on a besoin, pour être moins troublé par les choses dont on n'a pas besoin ou qui sont prenantes et nous causent du souci.... Je me souviens Le corps et l’esprit à la dérive du jour Comme les blés au vent Je me souviens De la suave racine au coeur L’essence du réel Qu’hier je pouvais presque toucher du doigt À travers le voile Espoir indicible Déploiement de vie Offrande continue, dissimulée Derrière les fissures du temps

Le yoga et la pensée Fabriqué de la trame du monde phénoménal L’esprit, l’organe mental Animal multiforme... Bigarré, fascinant, coloré, camouflé, rempli de rage et de promesses Par moments perdu dans ses propres vues Se renvoyant furieusement sa propre image Puis, embourbé d’incertitudes D’habitudes Et par d’heureuses circonstances, embrassant le Sublime De temps en temps L’observer, le connaître Apprivoiser la cosmique bête L’apaiser, l’éveiller Un peu, moyennement ou beaucoup Entre lever et tombée C’est surtout cela, faire du yoga.